Performance ou Succès. Dinstinguer le bon du mauvais chasseur....




Ce que je vais dire ici n'est ni une vérité, ni un fait, ni universel. Ce n'est que ma simple perception des choses.

Si je fais le choix d'en parler ici parce que j'ai abordé ce sujet dans ma sphère familiale par rapport à l'éducation, dans ma sphère professionnelle par rapport aux perspectives des entreprises que j'accompagne, et aussi et bien évidemment dans la sphère martiale. C'est donc un sujet transversal, c'est donc passionnant d'où ma motivation à vous faire partager tout ceci.


Sport et capitalisme, capitalisme et performance :



Cette réflexion a débuté par la lecture fort intéressante d'un livre que m'a offert une universitaire et intitulé très sobrement "Sociologie du sport". Un chapitre y développe l'idée que les Anglo-saxons ont largement diffusé leur sport pour mieux transmettre leur idéologie libérale. L'idée de la compétition, de la nécessité d'un vainqueur, et d'un business.

Dès lors la pratique physique s'est transformée en sports. Et des pratiques qui éduquaient des personnes, entretenant par là même leur santé se sont transformées en y intégrant les codes du sport. Les catégories de poids pour qu'il y ait davantage de vainqueur, davantage de compétition, des médailles et des jurys.  Nous pratiquants d'arts martiaux avons vu plus que les autres ces "évolutions" qui donnent en quelques décennies deux jeunes golgotes à la musculature outrageuse sur un tatami forçant comme des bœufs tout en attendant la pénalité de l'autre avec le magnifique slogan en arrière-plan "la voie de la souplesse"...

Le fameux, c'était mieux avant...

La performance est donc votre capacité à gagner, à remporter des victoires. C'est à un premier niveau une cause louable. Louable si la nature de l'homme n'avait pas comme habitude de passer outre la morale.

Ce n'est un scoop pour personne, le sport induit la triche. D'un point de vue martial la triche n'est pas de la triche c'est de la stratégie. Il n'y a pas de morale à la guerre, la triche n'y existe donc pas. La performance va donc assez généralement induire une notion négative, la triche, le dopage, une atteinte à la santé,...

Pour performer, et cela dans tous les domaines, il va falloir faire des choix, ou plutôt des sacrifices.
Vous souhaitez performer en sport ? Sacrifiez votre santé, dopez-vous largement et vous serez très rapidement performant.

Le passage au sport professionnel ne se fait pas sans coup de pouce...

Vous souhaitez performer dans votre discipline, simple, sacrifiez votre vie de famille. Travaillez du soir au matin.

Vous voulez augmenter rapidement les performances économiques de votre entreprise. Simple licenciez 20% de vos effectifs, mettez le restant sous pression...

De ce point de vue, performer est simple, c'est le choix d'un sacrifice (santé, famille, vie sociale..).  Tout comme le Capitalisme sacrifie les ressources pour performer.

Simple ne signifie pas tout de même sans travail ni labeur bien entendu.

J'en viens à dire qu'a mon sens la performance est court-termiste, et puisque que nous traitons ici d'arts martiaux et donc d'art de la guerre, et donc de stratégie, elle est l'opposé du stratège qui ne vise pas à gagner la plus grande des batailles mais de remporter la guerre.

La performance est donc court-termiste et relative.

Il est aussi intéressant de noter comme cette notion de performance s'est ancré dans notre société demandant même à des structures comme les hôpitaux d'accroitre leur performance ce qui est par nature antinomique  puisque que pour performer dans les soins il est impossible de performer dans l'économie. Il faudrait développer l'importance de la qualité de l'indicateur de performance, mais ce billet étant déjà assez pénible autant ne pas en rajouter...

Approximation et confusion :

Plus j'avance dans l'apprentissage (peu importe la discipline) et plus je comprends que la base, ce qui est au commencement, ce qui débute et donc oriente le reste est primordial. Ce qui me fait tout particulièrement aimer le symbole de l'école Goshinkai :



Le triangle à base large représente la stabilité physique et mentale ainsi que la construction de soi. L'expression graphique de l'expression "avoir de bonnes base " !

Ce qui créé la pensée ce sont les mots. (je vous renvoi à l'excellent roman d'Orwel 1984 avec la fameuse Novlange). Utiliser le mauvais mot, ou comprendre approximativement son concept va nécessairement altérer la construction de votre pensée en plus que nous donner de la difficulté à communiquer.

J'en donne pour exemple une discussion forte intéressante avec mon fils de 5 ans à qui je demandais ce qu'était le bonheur. Il m'a répondu que le bonheur était d'avoir des cadeaux. Mais le bonheur n'est pas le plaisir... 

Je vous ennuie avec ceci parce que j'ai failli opposer la performance à la réussite. Et j'ai préféré parler de succès qui est moins socialement discuté.

Les clefs du succès :

La très célèbre clef du succès

Si vous avez suivi mon raisonnement le succès est l'opposée du court terme, et ne demande pas de sacrifice, mais nécessite une base large et stable.

Ce qui fait le succès réside à mon sens dans la capacité à maintenir l'équilibre. Le succès ce n'est pas être bon en quelque chose mais mauvais en rien. (tout comme l'art martial n'est pas de gagner mais de ne pas perdre). On peut aussi rapprocher cela avec la cohérence. Entre son physique, son mental, sa personnalité, son histoire, ses aspirations...

Les personnes qui m'ont toujours inspirées n'ont jamais été des gens seulement extraordinaires dans leur domaine, ceux-là sont juste performant. Le succès, en tout cas l'idée que je m'en fais et ce dont à quoi j'aspire c'est d'être en équilibre : un bon pratiquant d'arts martiaux, tout comme un bon père, un bon mari, un ami loyal et une bonne personne.

Ce raisonnement est atrocement ennuyeux et dégoulinant de bien pensance. Mais c'est infiniment délicat. Faire preuve de cohérence, être équilibré, avoir du recul sur soi, faire preuve de stratégie et de vérité envers soi-même est à mon sens une voie sincère qui mène au succès. Chacun peut définir son succès, le mien a toujours été le bonheur. Mais il peut être aussi la conscience, le pouvoir, la connaissance...

Et puis avouez qu'il serait tout de même dommage d'être un génie scientifique con comme un balai avec ses collaborateurs, être un chef d'entreprise brillant tout en étant misogyne ou un pratiquant d'arts martiaux extraordinaire mais si insupportable qu'il n'a plus personne autour de lui à qui transmettre...

Quand je parle de stratégie je pense à tous ces auteurs qui m'ont inspiré : Sun Tsu, Machiavel, Miyamoto Musashi et il est amusant d'observer que leur vision du : ce qui est applicable à l'individu est applicable au groupe rejoint tous les autres ouvrages appliqués au management, à la gestion, à la qualité, au marketing voire même à la psychothérapie.

"Attaque de ton adversaire de côté, tout comme tu attaque l'armée adverse sur le flan"

Je parle donc d'un principe universel, comme il existe des lois de la physique universelle qui s'appliquent à tout corps. Ce principe est de dire que l'Homme fonctionne comme une organisation et sa progression (voir son changement) de ce qui est en lui et autour de lui, de ce qui est visible et caché doit être observée de façon globale.

Tout comme l'école Palo Alto a révolutionné la psychanalyse Freudienne en associant le contexte environnant le patient avec ses conflits intérieurs et en jouant sur l'ensemble des facteurs à la fois.

Pour une entreprise, il ne suffit pas de faire performer le service commercial, augmenter son chiffre d'affaires de 30% par an pour faire réussir l'entreprise. Il faut dans le même temps faire évoluer les bâtiments, engager du personnel, maitriser la qualité produit... Cette approche porte un nom technique : l'approche systémique. Comprendre que tout est interdépendant et qu'il est donc crucial pour atteindre le succès de ne pas déséquilibrer le système mais de le faire évoluer dans son ensemble. Et l'être humain est comme la nature un système d'une complexité enivrante.

Le système et ses rouages....


C'est pour cette raison qu'il me semble que l'important n'est pas de performer dans un domaine, être le meilleur n'a pas beaucoup de sens. Il vaut mieux être solide, fiable et équilibré c'est le chemin le plus stratégique pour la réussite et qui ne peut être que sur le long terme. Et que donc par extension les sports ne sont pas les meilleurs outils d'éducation, et j'ai hâte qu'on promeus davantage l'activité physique que le sport...

En tout cas, le choix que j'ai fait est d'atteindre le succès plus que la performance. J'aimerais être plus performant dans ma pratique martiale, je pourrais être bien meilleur, il suffirait que je m'entraine davantage, 4 à 6 heures par semaine, et faire au moins un stage par mois. En deux ans mes sensations seraient nettement meilleures et mes mouvements plus naturels. Mais j'aime trop lire les aventures de Tchoupi avec mes enfants. Je pourrais parcourir des milliers de kilomètres pour m'entrainer avec les meilleurs et auprès des meilleurs, mais je n'aurais pas assez de temps pour gérer correctement mes affaires et m'épanouir professionnellement.

Parce qu'au final il n'y a qu'une seule chose sur laquelle nous sommes strictement égaux. C'est le temps qui passe et il force à choisir. Alors je choisir de trouver le succès dans ce que j'entreprends et principalement dans ma vie, et simplement atteindre des objectifs cohérents avec ce que je suis à ce que a quoi j'aspire. 

Ou ce n'est que la justification de mon égo face à mon manque de performance.... qui sait....


Et bravo à ceux qui sont arrivé au bout de ce texte mielleux ;-)


Sylvain.




Et pour ceux qui ne connaissent pas la référence au bon et au mauvais chasseur :



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